dimanche 6 novembre 2011

Cat's eyes

Il y a un vieux chat tout roux, aux grands yeux verts tristes. Mal peigné, mal aimé. Aussi maigrelet que joli. Il traîne dans la rue, toute la journée et toute la nuit, de poubelles jaunes en poubelles grises. Il cherche la chaleur des moteurs tout juste arrêtés et s'étale sur les capots brûlants. Au début, j'ai cru qu'il n'avait pas de famille, qu'il errait là, au hasard. Jusqu'à ce que je croise le nouveau facteur. Il m'a demandé si c'était notre chat. J'ai dit non, que je ne savais pas d'où il venait. Il le voyait depuis des semaines, à chaque tournée le rouquin suivait son scooter de bout en bout de la rue sans jamais aller voir ce qu'il y avait plus loin. Une des voisines qui rentrait chez elle nous a appris que le chat (de 16 ans) appartenait à la belle-mère d'une autre voisine, et que le chat "en titre" de la maison le chassait. Voilà pourquoi ils préféraient le foutre dehors. 

J'ai trouvé ça vraiment triste. C'est à ce moment là qu'il s'est faufilé chez moi. Je l'ai suivi jusqu'à la gamelle de mon chat dans laquelle il trouvait visiblement ce qui lui manquait depuis des jours et des jours : à manger. En le soulevant pour un câlin, je n'ai rien senti d'autre que ses vieux os et mon petit coeur s'est presque fendu en deux. Ce chat n'avait probablement rien eu à manger depuis des jours. Totalement abandonné, foutu à la porte,   comme si l'on voulait qu'il crève dehors, tout seul dans un coin. 

Chaque fois que j'ouvre la porte ou écarte le rideau et que je le vois comme un malheureux sur sa poubelle, je ne peux pas m'empêcher de ressentir un petit quelque chose. Mon chat va devoir partager ses croquettes avec son copain SDF. Ce vieux chat n'a même plus la force de miauler, et encore moins de chasser pour se nourrir. Les voisines "propriétaires" passent devant lui sans même un regard. Il n'a le droit qu'à son coup de pied au cul quand il tente de rentrer chez elles. Ça me fout la gerbe. Je suis pas spécialement "animal-friendly" et compagnie mais je me demande bien comment on peut rester insensible à ce point là et juste s'en foutre. J'ai bien envie d'aller frapper à leur porte avec le chat dans les bras et leur dire que ce serait bien de lui donner à bouffer parce que là c'est mon père qui s'en charge en attendant. Je sais pas si c'est une bonne idée de s'en mêler. La cruauté des gens...

C'était l'article du dimanche soir. 


8 commentaires:

  1. Mériteraient de se faire bouffer par un chat, tiens ! :/
    Un chat peut vivre dehors, mais dès que tu peux, passe un peu de temps avec lui, fais-lui des caresses, je pense qu'il en a besoin :)

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  2. Je suis réputé insensible mais c'est pourtant le genre de situations qui me révolte aussi. (C'est en partie pour ça que j'ai eu beauucoup de chats dans ma jeune vie... et que j'ai celui que j'ai actuellement.)
    Le plus triste c'est qu'il soit vieux. Parce que même en mettant une annonce ou en le filant à la SPA, peu de chances qu'il soit adopté.

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  3. Mouaf.
    Ben moi, je suis "animal friendly". Surtout avec les chats.
    Ce qui m'interloque, c'est ce chat qui ne "voulait/pouvait pas aller plus loin que le bout de la rue". Ça me fait penser à un fantôme qui hante les lieux qu'il a habités et qu'il ne peut pas quitter tant qu'il ne sera pas apaisé.
    Peut-être que c'est un peu comme ça, avec les gens. Que certains n'arrivent pas à partir (dans le sens propre et figuré) parce qu'ils ont trop de démons intérieurs.

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  4. Dawn Girl >> Je lui fais des calins dès que je le vois. Il passe son temps à essayer de rentrer dans les maisons et à chercher un peu d'affection.

    Nathan >> Ce qui m'a encore plus révoltée hier, c'est de voir un autre voisin (16 ans de conneries) lui filer des coups de pieds pour le faire fuir. Je suis donc sortie de chez mes parents en transe et je crois que j'ai lancé des éclairs avec mes yeux. Il a couru dans les jupes de sa mère. P'tit con.

    L'éponge explosive >> J'ai peur que la belle-mère de la voisine le reprenne et le ramène chez elle. Bien loin de la rue. On ne sera même plus là pour lui donner des trucs à manger...

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  5. Je le prendrais chez moi et je ne manquerais pas de laisser un mot bien comme il faut dans la boîte aux lettres des voisins. Des chats qui ne peuvent pas se supporter, j'en connais. Ils cohabitent comme ils peuvent, parfois c'est le Bronx mais bon, ils ne s'entretuent pas non plus. (C'est plus une excuse bateau qu'autre chose...)

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  6. Je ne suis pas BB non plus mais j'ai vraiment du mal avec la cruauté envers les animaux car encore plus que les adultes, ils sont inoffensifs et ne comprennent vraiment pas. Pourquoi avoir un chat pour le traiter de cette manière... Pourquoi tu ne l'adoptes pas définitivement ?

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  7. Je l'adopterais bien mais il n'est pas abandonné totalement. Il appartient malgré tout à quelqu'un. La belle-mère de la voisine devrait repartir bientôt et le reprendre avec elle. En attendant, on continue de lui donner à manger discrètement tous les jours. Les voisins en question ne sont pas spécialement amicaux par ailleurs...

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