lundi 31 décembre 2012

432

Il faisait 10°C dehors. C'était pas tellement Noël, du coup. A 3h du matin, sans bruit, Alice ferma la porte de la maison parentale. Tout doucement, presque incognito, comme si elle n'était pas venue ce soir-là. Elle chargea son gros sac de courses rempli de cadeaux déballés dans le coffre de la Saxo. C'était bizarre de pas rester dormir là cette année, de rentrer chez soi pour de vrai, un 24 décembre. 

Il n'y avait personne sur les routes, alors elle choisit l'itinéraire le plus long. Elle aimait ça, conduire au milieu de la nuit, la musique très fort. Elle entrait dans sa 4e dimension, quand tout est encore possible derrière un volant. Avancer, faire demi-tour, prendre à droite ou bien à gauche. S'arrêter. Ou ne jamais s'arrêter. Elle allait un peu plus vite ou très doucement. Elle jouait avec le temps, décidait de le mettre entre parenthèses.

Le dernier feu passa au vert. Alice trouva l'entrée du parking sous-terrain, précédée d'une longue voiture grise qui se gara sans précipitation place 432. Alice s'appliquait à suivre les lignes de la place voisine. M. 432 claqua la porte de sa voiture et, les yeux embués, se perdit quelques secondes dans le joli pompon du bonnet d'Alice, la tête baissée vers la boite à gants. Le jeune homme dessina un minuscule sourire étonné avant d'attraper le sac de courses coincé entre le siège passager et la banquette arrière. 

Il rejoignit l'ascenseur. Alice le retrouva quelques secondes plus tard et lui adressa son plus joli petit sourire gêné. Bonsoir. Bonsoir. Vous allez où ? Au deuxième, et vous ? Au rez-de-chaussée. Ah, dommage. Enfin, euh, je voulais dire.. Elle rit. Il rougit. "Etage Zéro". Alors... bonne nuit, et joyeux Noël. Merci, à vous aussi.

Au bout du couloir, Alice tourna deux fois la clef. Quelques minutes plus tard, perdue dans ses draps pourpres, la fatigue l'emporta sans préavis. Elle se réveillerait quelques heures plus tard, et examinerait minutieusement son tout petit sapin. Le Père Noël n'y aurait pas coincé sa barbe cette nuit. Là, c'est sûr, elle avait trop grandi.

Quelques jours plus tard, Alice claqua ses talons sur le sol gris et froid du parking. Ce n'est qu'une fois à l'intérieur de sa voiture qu'elle aperçut dans son rétroviseur le petit mot coincé dans l’essuie-glace arrière.  Elle sortit pour l'attraper

"Si la voiture est plutôt moche, c'est en tout cas beaucoup plus joli sous le bonnet de la conductrice. M.432".

Je crois qu'Alice a un ticket avec son voisin. Bon.


1 commentaire:

  1. J'adore ! peut-être qu'au Noël prochain, Alice ira avec M. 432 pour le dîner chez ses parents ;-)

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